Michel Baglin L'alcool des vents Editions Rhubarbe (Collection Texture) Rares sont les rééditions en poésie. Celle du recueil de Michel Baglin est une excellente initiative, permettant à une nouvelle vague de lecteurs (dont je suis) d'accéder à cette merveille devenue introuvable, l'édition précédente au Cherche-Midi éditeur en 2004 étant épuisée depuis des années. C'est assez rare pour le souligner. En lisant Michel Baglin, on est d'emblée confronté à l'importance vitale de la poésie. "L'alcool des vents" est un long poème qui trouve son souffle entre "silences nécessaires" et "feu latent". Ses longs fragments jalonnés d'incises à l'éclat fragile se confondent avec la "quête du poème" (titre d'un recueil emblématique de 1986). Conquise sur les paroles superflues, son écriture se tisse " d’élans et de lenteurs". Inséparable d'une "inquiétude qui (le) pousse sur le chemin des questions", le poème est " l’alambic clandestin" qui lui livre des "ivresses pour creuser, élargir,respirer", A partir "de l'anodin qui compte pour zéro dans les colonnes et pèse pourtant dans la balance", il "rend grâce" (l'expression omniprésente est au cœur de sa parole) à la poésie qui vivifie la mémoire, la lucidité, l'acuité du regard et de la pensée, l'énigme de la vie qui passe. Une belle célébration de la poésie, amer fragile et nécessaire qui guide les jours et les nuits des êtres incertains que nous sommes. CHRISTIEN Marie-Josée (Spered Gouez n ° 16) 2010 11